#1 – Incurables – pt.4

Si il est un mouvement qui nous a toustes marqué·e·s à Grognon, c’est celui de la lutte contre le SIDA. Il a été contemporain de la jeunesse de certains d’entre nous, même si nous étions parfois très jeunes au plus fort de l’épidémie. Pour d’autres, c’est une référence du passé, un modèle historique – bien que ce combat soit toujours d’actualité.

Act-up New York, Paris ou Bruxelles, Migrants contre le SIDA, Ex Aequo, ABIA, SUS (système unique de santé au Brésil) et bien d’autres ont été et restent des modèles à suivre de convergence des luttes et d’intersectionnalité, de formation, de ténacité qui font de cette une lutte mondiale. Des modèles de courage aussi. Leurs stratégies d’action furent une inspiration pour d’autres, sur l’ensemble de l’échiquier politique, parfois à leur corps défendant quand en fRance, des groupes d’extrême droite homophobes apprennent de leur techniques de communication et d’intervention publique.

Tout comme les mouvements radicaux handi, le travail mené par les associations de malade, les méthodes d’action, l’auto-support, la réduction des risques ne seraient aujourd’hui pas les même sans la route tracée par l’action des malades du SIDA et personnes séropositives et leurs proches.

J’ai vu Ronaldo Serruya pour la première fois sur une scène de théâtre. Une rafale de passion qui dépassait les frontières invisibles entre le comédien et le public au théâtre. Avec chaque mot bien prononcé, il construisait tout un geste qui n’était plus seulement esthétique, ni artistique, mais qui devenait un acte, en quelque sorte un activisme. Ronaldo est l’une de ces personnes qui combinent de nombreuses qualités. Outre le fait d’être un grand acteur, il est également un super metteur en scène et, surtout, un écrivain et dramaturge d’une importance capitale pour la construction d’un activisme positif (+) en faveur de la communauté LGBTQIAPN+ brésilienne.

Je connaissais Didier Lestrade de nom, of course, quand je l’ai rencontré pour la première fois, il y a une vingtaine d’années. Il sortait avec un pote à moi et j’étais en mode intervention de la brigade de protection des ami·e·s, prête à la bagarre. J’ai découvert un homme timide et grande gueule à la fois, avec qui j’ai ensuite eu la chance de travailler et de m’engueuler, notamment sur le projet Minorités.org. J’apprécie qu’avec les années on soit tombés d’accord de ne pas toujours l’être, et qu’on ait continué malgré la distance géographique à être amis, parce que Didier c’est aussi ce mec qui parlait de musiques que je ne connaissais pas dans Libé avec une passion contaminante. Quand je les écoutais, je ne captais rien et j’ai parfois mis des années à comprendre ces musiques qu’il adorait. Quand je les écoute aujourd’hui, parfois au quotidien, je sais que je les lui dois.

Grognon